Il m'arrive parfois d'être sollicité pour attacher des modèles dans des ateliers de modèle vivant pour des artistes désirant dessiner ce genre de sujet.
C'est un sujet intéressant à dessiner, un·e modèle qui tient des positions inhabituelles que la personne attachée ne pourrait pas tenir en temps normal sans la contrainte et l'assistance de la corde qui permet de maintenir – avec des difficultés et douleurs certaines – les membres et le corps dans une posture autrement impossible.
J'ai été sollicité par ces ami·es qui sont des habitué·es du modèle vivant et qui pratiquent assidûment et régulièrement, pour des poses allant de la très courte (2-3 minutes) jusqu'à des temps longs (2 à 4 heures), en passant par des durées intermédiaires (10-15 minutes). Ils et elles étaient intéressé·es par le shibari uniquement par rapport à sa dimension esthétique du corps lié et contraint dans des poses différentes, avec l'intérêt de la suspension qui permet d'avoir un point de vue différent sur une personne en lévitation, chose difficilement réalisable lors d'une séance de pose conventionnelle.
À l'origine nous devions être deux attacheurs et deux modèles, chaque attacheur s'occupant entièrement de sa partenaire. Puis pour des raisons de calendrier, l'autre attacheur n'étant pas disponible, nous sommes parti sur l'idée que ce serait moi qui attacherait tour à tour les deux modèles, passant de l'une à l'autre : j'attacherais la première et une fois en position, je passerais à la deuxième pendant que les dessinateur·trices croqueraient celle qui est déjà en place. Une fois la deuxième mise en situation, je pourrais revenir à la première pour la changer de position et par-là même soulager l'inconfort : une session de cordes dynamique permet de changer les difficultés et les points d'appui, ce qui facilite la gestion d'une session, surtout si elle doit être longue.
Nous nous étions mis d'accord pour des poses d'une quinzaine de minutes à chaque fois, avec une durée totale d'à peu près deux heures : deux heures c'est long pour un·e modèle attachée dans des positions parfois très inconfortables, et une minute peut sembler une éternité quand on arrive au bout de nos ressources physiques et mentales.
Pour ma part, ça me demandait une concentration accrue de devoir gérer la sécurité de deux personnes en même temps, avec en parallèle l'effort que requiert la volonté d'offrir des poses intéressantes à dessiner aux artistes présent·es.
Vous pouvez trouver ci-dessous quelques photos de trois sessions de shibari et dessin.
I'm sometimes asked to tie models in live model workshops for artists wishing to draw this type of subject.
It's an interesting subject to draw, a model holding unusual positions that the tied-up person wouldn't normally be able to hold without the constraint and assistance of the rope,
which makes it possible to maintain - with certain difficulty and pain - the limbs and body in an otherwise impossible posture.
I was approached by these friends, who are regular live modelists and who practice assiduously and regularly, for poses ranging from the very short (2-3 minutes) to the long (2 to 4 hours),
with intermediate durations (10-15 minutes). They were interested in shibari purely for its aesthetic dimension of the body bound and constrained in different poses, with the interest of
suspension allowing a different point of view on a levitating person, something difficult to achieve during a conventional posing session.
Originally, we were going to be two tyers and two models, with each tyer looking after his partner. Then, for scheduling reasons, as the other tyer wasn't available, we decided that I would
take it in turns to tie the two models, switching from one to the other: I'd tie the first one and, once in position, I'd move on to the second, while the designers sketched the one already in
place. Once the second was in position, I could return to the first to change its position, thereby relieving the discomfort: a dynamic rope session allows us to change difficulties and support
points, which makes it easier to manage a session, especially if it's going to be a long one.
We agreed on 15-minute poses each time, with a total duration of around two hours : two hours is a long time for a model tied up in sometimes very uncomfortable positions, and one minute can
seem like an eternity when you've reached the end of your physical and mental resources.
For my part, I had to concentrate even harder on keeping two people safe at the same time, while trying to offer the artists interesting poses to draw.
Below are a few photos of three shibari and drawing sessions.
Avril 2018, avec Niyouli et Clara - Atelier Sébastien Brunel
Juin 2023, avec Niyouli & Marine - Atelier Sébastien Brunel
Novembre 2023, avec Niyouli & AnnA - Atelier Sébastien Brunel