Piscine et feux d'artifices

La guerre a éclaté alors qu’elle était enlacée devant moi en liens solides. Le bastion a été pris d’assaut de toutes parts, et des feux multicolores se sont déversés dans tous les sens, jusqu’à l’intérieur de nos fenêtres grandes ouvertes, écran géant d’une télé pour une fois bien réelle. La colline et l’éléphant renversé qui se fait passer pour un bâtiment ont été masqués par la fumée des explosions après le bouquet final.
Bilan de l’attaque : aucun mort, 100000 euros dépensés en dix minutes. Il semblerait que la guerre a été gagnée et que la France soit victorieuse. Le Peuple, lui, a perdu, mais au moins il a été ébloui, et sa rétine gardera pendant quelques instants l’éclat de la belle bleue, de la belle blanche, du sanglant rouge. Jusqu’au prochain coup de matraque qui va lui crever l’oeil.
Dans la nuit enfin noire, j’ai rêvé de la banquise balayée par des vents froids. Je me suis réveillé dans les plis d’un désert glacé, entouré de pingouins caquetants. « Mais non rassure-toi, ce n’est qu’un train qui passe » me suis-je dit, frissonnant dans mon lit.
J’ai roulé jusqu’à mon atelier sous le ciel de novembre en chantonnant les paroles de solitude de la prisonnière Britney.
Puis j’ai été à la piscine, enfin ! Ça faisait un an que je n’avais pas nagé, sauf dans des océans éthyliques pour noyer mon humeur maussade. Au bout de trente longueurs, forcément -manque d’entrainement-, j’ai coulé. Un baptême à la chloroquine, me voici lavé, un homme nouveau, je puis me relever et continuer, traverser la rue, merci mon sauveur Manu.

Je tiens à remercier chaleureusement la Piscine Municipale Etienne Gagnaire et son personnel dévoué, dédié à gober des mouches, ainsi que la Section Départementale des Artificiers de France pour leur aide précieuse dans la conception de cette chansonnette de trap.


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